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22 mars 2010
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12:08
Il m' arrive souvent de rencontrer des personnes qui croient que quand elles auront trouvé leur "moitié", leur vie changera du tout au tout et abracadabra, enfin, elles se sentiront bien.
Les premiers temps, en effet, c' est le cas. Rencontrer une nouvelle personne est toujours agréable, et, si le charme opère, qui serait mécontent de recevoir pour soi de l' attention et de la tendresse d' un être aimant ? Tout le monde, évidemment, car chaque être humain aime se sentir aimé parce que c' est bon, parce que ça fait du bien.
Seulement voilà, il se trouve que le temps des débuts passés, au bout de quelques mois pour certains, quelques années pour d' autres, quelque chose nous dérange. La relation ne convient plus et cet autre qui nous apportait tant de satisfactions devient de plus en plus désagréable, jusqu' à en devenir parfois insupportable. D' un ami, on se retrouve face à un ennemi. Du coup, illico presto, la séparation arrive au galop et on se sent soulagé de cesser cette relation qui ne nous fait plus de bien et... On passe à autre chose ou... A quelqu' un d' autre...
... En attendant toujours, inlassablement, que le bon arrivera et qu' il nous sauvera des affres de l' amour, que LUI, enfin, saura nous combler et nous rendre heureuse.
Nous rendre heureuse, nous rendre heureux.... Ce serait donc cela notre rôle ? Rendre l' autre heureux ?
Jacques Salomé a dit:
" Dans un couple, peut-être que l' important n' est pas de vouloir rendre l' autre heureux, c' est de se rendre heureux et d' offrir ce bonheur à l' autre. "
Que ce soit au sein du couple ou dans la vie en général, l' autre reste un autre pour chacun d' entre nous. Impossible de penser à sa place, impossible de décider pour autrui. La seule personne pour laquelle nous pouvons décider de tout n' est que nous-même.
A partir de là, comment espérer rendre l' autre heureux ? C' est impossible.
Cela reviendrait à s' oublier soi en ne se préoccupant que de l' autre, ce qui serait censé nous apporter le bonheur...
Or, si l' autre passe avant nous, nous aurons plus d' attention pour lui que pour nous, jusqu' au jour où l'on s' aperçoit que l' on s' est complètement oublié au point de ne plus pouvoir apporter quoi que ce soit de bon à cet autre. L' autre a qui on donnait tout ne comprend pas que l' on ait plus autant ou plus rien à donner et de là, c' est l' escalade, les reproches arrivent, les souffrances qui l' accompagnent et le mal-être d' être ensemble. Cercle vicieux.
Prenons l' exemple d' un enfant, tiens, un adolescent.
Imaginez un adolescent en crise, un être qui va mal et que l' on aime si fort que l' on souhaite le meilleur pour lui. Voulant que cet être aille bien, on le bichonne, et, plus il va mal, plus on essaye d' être à ses petits soins, et plus il va mal, plus ça nous préoccupe, donc nous allons de plus en plus mal aussi, alors on continue à vouloir lui apporter ce bon dont il manque, oui, mais comme nous n' allons plus bien nous-même d' avoir tant donné sans recevoir de retour de sa part, il arrivera un moment où le parent, si aimant soit-il, sera en démission et baissera les bras parce qu' il ne saura plus comment faire, il n' aura plus les ressources suffisantes... Comment rendre ma fille, mon fils, heureux, comment ??? Et à cette incompréhension s' y ajoutera la culpabilité de ne pas savoir faire au mieux ainsi que les reproches assénés à cet adolescent qui décidément ne fait pas grand chose pour s' en sortir. Cercle vicieux...
Alors, comment rendre cet adolescent heureux ?
La seule réponse étant: en allant bien soi-même, en s' aimant soi et en lui prodiguant cet amour sans rien attendre de sa part.
Si cet amour est sincère et exprimé comme tel, l' adolescent en question se sentira de plus en plus aimé, et, de profiter de ce climat d' amour, il en viendra à apprécier ces bons moments, et, de partages en partages d' amour, celui-ci se sentira porté car il se saura et se sentira aimé et là, enfin, il sera en mesure d' exprimer cet amour reçu en faisant ce qui lui plaît et l' épanouit, quoi que ce soit, pour lui, et donc pour le bonheur de sa famille.
Eh oui, l' amour mène à l' amour, l' amour amène l' amour. Cercle vertueux...
Cet exemple vaut pour tous. Car, ce que l'on ne peut s' apporter à soi-même, aucun autre ne peut nous l' apporter. L' autre peut nous apprendre, nous transmettre, nous orienter,.. mais en aucun cas faire à notre place.
Et je ne crois pas que l' on puisse aimer quelqu' un "de tout son coeur" quand on ne s' aime pas soi-même. Ca va à l' encontre du principe même de l' amour. Comment imaginer pouvoir aimer qui que ce soit et donner quoi que ce soit si l' on a pas déjà cet amour là en soi ? Que pourrait-on alors donner à cet autre ? Sa tristesse ? Ses manques ? Son desespoir ? Oui, tout cela.
Si cet autre est une personne compatissante et empathique, elle donnera sans compter ce qu' elle possède, mais, une fois que l' autre aura pris tout cet amour, que restera-t-il ensuite à cette personne si compatissante ? Eh bien c' est elle qui sera alors en manque d' avoir trop donné...
Je crois que quand on donne sans attendre, juste pour le plaisir de donner et donc d' aimer, à ce moment là on est dans le partage d' énergies et d' amour et là seulement peut démarrer une relation sur des bases propices à l' amour, le bon, le vrai, le sincère, celui qui n' attend pas de l' autre qu' il ou elle nous rende heureux ou heureuse. A ce moment là on peut parler d' amour véritable.
Donner, c' est partager, et c' est surtout recevoir parce que oui, il n' y a rien de meilleur que de donner le meilleur de soi, car cela nous apporte le plus grand des bonheurs: celui d' être en état d' amour. Et, quand on aime, on diffuse cet amour et donc.... on l' attire ....
Et c' est à ce moment là... que le prince ou la princesse viendra !
Et Abracadabra devient alors Chabadabada...
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