Ouh la la, qu' est-ce-que ce mot, aussi vilain à lire qu'à dire ? Quant à l' écrire, essayez, ça n' est pas le plus facile que je connaisse, oui, ce mot demande une certaine concentration afin de l' écrire justement...
Qu' est-ce alors que la procrastination ?
La procrastination est l' art de systématiquement et continuellement reporter à plus tard ce qui pourrait être réalisé dans l' instant présent.
Par exemple ?
Une personne qui va choisir de bouquiner plutôt que de ranger sa maison, regarder la télé au lieu de se reposer.
Quelqu' un qui va repousser le paiement de ses factures jusqu' à en payer plusieurs fois la somme de départ pour retard.
Le fait de peaufiner sans arrêt un projet au point que celui-ci ne verra peut-être jamais le jour.
Craindre un refus ou un échec au point de renoncer à entreprendre quoi que ce soit en ce sens.
Etc etc...
C' est se sentir "incapable de..." ou "pas envie de..." ou "réfractaire à..." au point d' éviter la situation en faisant tout autre chose qui apporte un bref instant de plaisir immédiat et une bonne excuse pour s' éviter soi même !
D' où vient cette façon d' être, comment devient-on quelqu' un qui procrastine ?
Dans l' enfance.
Si un enfant ressent trop d' autorité qu'il n' estime pas obligatoire et jauge donc irrecevable, il va développer une stratégie de défense.
Le mécanisme de la procrastination est le suivant:
A chaque fois qu' un enfant souhaite dire non ou ne pas faire ce qu' une autorité lui demande, et parce que cette autorité lui impose de le faire, l' enfant, en réaction selon ses motivations personnelles, repousse indéfiniment la tâche à exécuter jusqu' à son extrême limite, en essayant de ne pas la faire ou de la faire en rechignant voire de la bâcler.
Sa non action ou sa réalisation de dernière minute en maugréant étant la manifestation de son refus de l' ordre exigé.
Quand l' on est enfant, l' autorité est partout. L' obéissance aux autres est de rigueur...
Les parents, la famille, les amis, l' école, les voisins, les commerçants, les forces de l' ordre, les "grandes personnes", partout règne l' autorité, alors, selon la manière dont est élevé l' enfant et sa personnalité, celui-ci ressentira plus ou moins fortement ces injonctions, et se rebellera en devenant une personne en proie à la procrastination.
Comment se fait-il qu' adulte et autonome, sans autorité imposée, la procrastination perdure ?
Quand on a appris sous l' autorité ou de façon autoritaire, une partie de soi est empreinte d' autorité.
Ce qui fait que dans des moments de contrariétés intenses ou de choix importants, nous devenons, sans nous en apercevoir, notre propre donneur d' ordres !
Eh oui, nous sommes l' autorité que nous refusons d' appliquer, ce qui fait que nous sommes en contrariété avec nous même.
Les procrastinateurs se disent souvent "il faut que", "je devrais", "quand j' aurais fait", "je dois absolument", "maintenant je vais faire...", etc etc... Ils s' imposent de faire, se donnent l' instruction perpétuelle d' éxécuter des ordres.
Ce qui fait qu' ils se mettent une pression intense, créant ainsi une surdose de stress.Ce sont des êtres billeux, anxieux et parfois angoissés.
A force de reporter inlassablement leurs obligations, ils se retrouvent à bout de force, tant ils ont dépensé d' énergie à reporter plutôt qu' à faire...
Et comme leurs réalisations se font le plus souvent à la dernière minute (quand pas du tout!), ils ont aussi une tendance à devenir de splendides retardataires, lié à leur optimisme surréaliste ou à une insouciance du temps nécessaire dû à d' éventuels imprévus.
Au fond d' eux, ce sont de grands rêveurs qui idéalisent (excès de perfectionnisme oblige!) leurs projets au point de les reporter sans cesse afin qu' ils soient parfaits.
Ca se vit bien de procrastiner au quotidien ?...
Non, et c' est même une souffrance pour les personnes qui vivent ainsi.
La procrastination engendre une grande culpabilité. Tant que les tâches à accomplir ne sont pas effectuées, la personne culpabilise de ne pas y être encore arrivé. (alors qu' elle n' a même pas commencé...)
Elle s' offre ainsi l' occasion de se mettre en tension continue (jusqu' à ce que ce soit fait...ou jamais! Et là, c' est pour elle un échec...) en invoquant de fausses excuses qui soi-disant l' empêchent de réaliser les tâches qui lui incombent.
La vie d' un procrastinateur peut vite devenir un cauchemar car tout peut prendre de vastes proportions dans beaucoup de domaines.
D' autant que se cachent chez chacun des peurs qui freinent encore plus l' action, augmentées de certaines croyances, le tout visant à affaiblir l' estime de soi.
Les conséquences peuvent être qu' une personne, si talentueuse soit-elle, peut passer sa vie à s' auto-saboter par peur de se réaliser.
Elle préfèrera ne rien faire du tout, ce qui lui assurera de ne rien faire de mal...
Est-il possible de changer cette façon d' être ?
Le plus important est déjà de prendre conscience d' être ainsi, de l' avoir décidé un jour, pour se protéger.
Ensuite, accepter que ce schéma ne soit plus porteur aujourd' hui et qu' au lieu de nous protéger, il nous met maintenant en danger. Du moment où cela devient néfaste et que l' on vit mal d' être ainsi, il est temps de procéder à un changement.
Comprendre que la seule personne à se donner des ordres, c' est soi même !
Et décider de changer, en accord et respect de soi.
La bonne nouvelle, enfin, est que ce mécanisme, une fois détecté, peut s' inverser, en développant d' autres comportements, adaptés aux besoins de chacun.