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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 17:11

Terre vue du ciel

 

 

Même mal aimé, l'amour peut nous aimer.


Nous ne savons pas d'où viennent les amours. Ces amours nouveaux, qui surgissent en nous, un jour dans notre vie, qui nous illuminent, qui nous habitent parfois durablement et d'autres fois de façon plus éphémère... Ces amours imprévisibles, qui nous révèlent, nous agrandissent ou nous désespèrent... Nous ne savons pas d'où il viennent, comment il nous ont choisis pour se révéler à nous.

 

Ce que je crois, c'est qu'il doit bien exister un coin de l'univers où ces amours se rassemblent, se rencontrent et peuvent partager ensemble l'étonnement, l'émerveillement, l'inouï ou le désespoir de leurs aventures humaines. Un havre, une oasis, peut-être une île, où ils peuvent se régénérer après tout ce qu'on leur a fait subir sur la terre.

 

 

Il était une fois un amour qui parfois se désespérait mais ne se décourageait jamais. Il aimait les hommes et les femmes de cette étrange planète où les guerres, la violence, la misère, l'injustice faisaient rage depuis des générations.

 

Il sentait bien qu'il devait y avoir autre chose, derrière cette apparente désespérance. Car il rencontrait aussi l'expression de la beauté, de la créativité, de la tendresse ou de la compassion extraordinaire de certains humains, dans une relation privilégiée à l'autre et, pour quelques autres plus rares, une relation d'amour en réciprocité.

 

Il s'étonnait de leur foi, il admirait leur courage, il s'enthousiasmait de leur capacité fabuleuse à se reconstruire, à espérer, à s'entraider et à aimer inconditionnellement, passionnément et quelquefois même durablement.

 

Mais je dois vous le dire, avec une certaine gêne : cet amour-là n'avait eu que des malheurs dans ses rencontres avec les humains. Il s'appelait Vindi, un nom relativement répandu chez les amours.

 

Déjà au temps de sa jeunesse, dans ses premières aventures terrestres, il avait vécu des choses épouvantables. Vindi était venu se déposer naïvement dans le coeur d'un jeune garçon qu'il avait enflammé pour une jeune fille du même âge. Mais celle-ci avait le coeur déjà tourné vers un autre.

 

Le garçon amoureux, transporté, illuminé par Vindi avait tenté de la convaincre que personne d'autre au monde ne l'aimerait comme lui. Il s'était accroché à elle, l'avait harcelée de ses déclarations, lui avait écrit durant des mois des mots enflammés, recherchant sa présence sans arrêt, la mettant mal à l'aise par des demandes incessantes. En fait, il lui avait présenté Vindi, son amour, comme un produit de première qualité.

 

Vous devinez la suite... ce fut l'enfer! Vindi croyait devenir fou, il se débattait, prisonnier dans le coeur de ce garçon, tentait d'en sortir, de revenir au pays de son enfance, pour demander conseil aux autres amours. Pour savoir comment ils faisaient, eux. Il aurait voulu qu'ils lui apprennent un peu le métier. Que faire quand on habite le coeur de quelqu'un d'un amour pour une (ou pour un) qui ne peut le recevoir?

 

Quand, après plusieurs mois de maltraitance, Vindi avait pu se libérer du coeur qui l'emprisonnait en l'imposant à une qui n'en voulait pas, il était reparti, lacéré, épuisé, hagard, vers le pays où les amours se ressourcent.

 

Là, il avait passé son temps à écouter les autres amours, jeunes ou vieux. Les vieux amours surtout, qui racontaient combien ils avaient rencontré, sur d'autres planètes, des coeurs aimants, qui les avaient accompagnés dans des aventures sublimes, fabuleuses, ensoleillées par des désirs réciproques, vivifiées par des échanges de qualité, qui les avaient portés aux nues dans le partage du plaisir, fêtés dans les émerveillements de l'attente.

 

Vindi, encouragé, stimulé par ces témoignages, était reparti plus confiant sur la Terre. Mais je n'aurais jamais assez de temps pour vous dire toutes les mésaventures qu'il rencontra dans ses différentes incarnations humaines. Une fois, il s'était déposé par mégarde chez un jaloux, un possessif furieux qui n'admettait pas que sa compagne ait le moindre regard, la moindre attention pour un autre. Une autre fois, il était tombé sur un pervers qui se jouait de lui, pour s'attacher l'amour d'une, afin de mieux la rejeter. Une autre fois ce fut un déprimé qui l'utilisait pour capter l'attention d'une qui, elle-même, passait l'essentiel de sa vie à aller rechercher au fond d'un gouffre d'angoisse ses partenaires préférés. Une autre fois encore, il se déposa chez un homme d'affaires, un redoutable financier, déstabilisé dans un premier temps, mais qui se reprit vite et ne se laissa pas faire! Il enferma Vindi dans un coffre, au milieu de billets de banque, d'actions et de pièces d'or. Vindi mit plusieurs années à s'évader de cette situation. L'homme d'affaires eut, je crois, un infarctus.

 

Une fois, une seule fois, il se trouva dans le coeur d'une femme qui rencontra un homme lui-même porté par un amour nouvellement arrivé sur la Terre. Un amour tout neuf, qui ressemblait à ce que Vindi avait été dans sa jeunesse.

 

Là, Vindi découvrit pour la première fois les possibles d'une vie d'amour. La fète des corps, l'accord des âmes, la complémentarité des sensibilités, la douceur des partages, l'enthousiasme des découvertes communes, la passion de la vie, le secret des instants fragiles comme des perles de rosée. Il put ainsi vivre quelques années une vie d'amour à temps plein.

 

Mais, vous le savez comme moi, si les amours sont parfois chérissables, les hommes sont toujours périssables... Ce fut elle qui partit la première, laissant l'homme esseulé. Vindi resta quelques années dans le coeur de l'homme, le soutenant, lui insuflant une belle énergie. Et puis, quand le temps vint, il dut repartir vers sa planète d'origine. Après un repos bien mérité, quelques années plus tard, il décida à nouveau de redescendre sur la Terre.

 

Il était devenu non pas prudent mais plus attentif, plus exigeant aussi. Il ne s'arrêtait pas chez le premier venu, il choisissait avec beaucoup de soins ses compagnons de vie terrestre. Vindi avait mis longtemps à comprendre qu'il ne suffisait pas de venir se déposer dans le coeur d'un être, encore fallait-il que celui-ci soit capable de l'accueillir, de lui faire une place, de le nourrir, d'établir avec lui une relation d'amour. Oui, disons-le simplement, Vindi avait compris que les amours ont besoin d'amour.

 

Cela peut vous surprendre! Moi-même, je l'ai découvert tardivement, à l'automne de ma vie. Les amours qui nous font le cadeau de venir s'incarner en nous ont besoin de soins, de chaleur, de tendresse et de cette qualité essentielle à la vie amoureuse : le respect. Ils viennent à nous, comme Vindi, avec un enthousiasme incroyable, ils réveillent nos sens, irriguent nos pensées, révèlent le meilleur de nous-mêmes et sont à l'origine non seulement de la plupart des grandes oeuvres d'art, mais aussi d'actions méconnues qui ont transformé un coin de terre, porté un rêve plus loin de ses possibles ou encore magnifié à jamais la vie d'un humain. Ils sèment l'espoir (ils s'aiment l'espérance) et surtout cette qualité de vie qui se reconnaît au premier coup d'oeil chez un être aimant et aimé : l'enchantement d'être.

 

Aux dernières nouvelles, je sais que Vindi est reparti dans son pays d'origine, mais tel que je le connais il ne tardera pas à revenir. Alors si l'un ou l'autre d'entre vous se sent capable de l'accueillir, n'hésitez pas, ouvrez-lui votre coeur, tendez-lui vos bras, faites-lui une place dans votre vie. C'est un amour merveilleux, d'un courage extraordinaire, d'une patience infinie, d'un enthousiasme jamais usé.

 

Si vous établissez avec lui une relation, dites-lui simplement de ma part que je regrette de n'avoir pas su l'aimer comme il le méritait quand j'ai croisé sa route, mais il était encore si jeune et moi si maladroit, à l'époque où nous nous sommes rencontrés!


 

Jacques Salomé

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31 août 2013 6 31 /08 /août /2013 18:51

KeithHarringCoeur

Il y a pour chacun de nous des rencontres structurantes qui nous révèlent le meilleur et agrandissent nos possibles. Nous pouvons aussi être une de ces rencontres qui réveillent et stimulera le meilleur de l' autre.

 

Il était une fois un homme qui exerçait un bien curieux métier. Un métier qu'il avait inventé au mitan d' une vie mouvementée et qu'il pratiquait au quotidien de ses rencontres. Un métier rare qui consistait à semer des rêves de vie chez les personnes qu'il croisait.

 

Oh ! Ne croyez pas qu'il imposait quoi que ce soit, pas du tout ! Dans une rencontre, après quelques échanges, il déposait quelques mots, une phrase, une image ou une métaphore, et son interlocuteur repartait, ensemencé d' un rêve qui allait se développer en luidans les semaines, les mois ou les années à venir. Car il y a des rêves qui ont besoin de beaucoup de temps pour mûrir, se développer et un matin ou un soir éclore au grand jour de la vie d'un homme ou d'une femme.

 

Vous allez me demander bien sûr comment il procédait, comment il arrivait à trouver ces mots, ces petites phrases qu'il déposait chez ceux qu'il rencontrait.

 

De la façon la plus simple. Tout d'abord, il écoutait. Tout simplement il écoutait. Il écoutait avec ses yeux, il regardait avec la totalité de son corps. Il appellait cela labourer le terrain, pour le préparer, puis il disait:

 

- Dans ce que vous venez de dire, voici ce que j' ai entendu...

 

Et à ce moment là il répétait au plus près ce que venait d' énoncer l'autre devant lui.

 

Il redonnait ainsi simplement, respectueusement, à la personne ce qu'elle venait de lui dire. Il appelait ça débrousailler, élaguer. Et le plus souvent il y avait, entre ce que la personne avait exprimé et ce qu'il renvoyait, un léger décalage, un espace ouvert pour une écoute nouvelle. L'homme qui semait des rêves de vie savait que la véritable écoute est celle qui permet à celui qui parle d'entendre enfin ce qu'il dit. Cet homme-là faisait peu de demandes, posait peu de questions, il y avait en lui comme une sorte de pudeur à dépendre de la réponse de l'autre. On sentait en lui parfois la trace, le souvenir de déceptions, et même de blessures anciennes. Dans les premiers contacts, sa vulnérabilité étonnait et peut-être cela permettait-il aussi à ceux qu'il rencontrait d'oser se dire en confiance, dans un lâcher-prise libérateur. 

 

J' en sais plus d'un et même plus d'une chez lesquels il a semé l' envie d'exister plus fort, plus pleinement. J'en connais qui lui doivent quelques-unes de leurs plus belles naissances. Je crois qu'ils sont nombreux à apprécier de ne se sentir en rien redevables de ces instants de liberté où un rêve s'éveilla en eux et commença de transformer leur vie.

 

Si vous mêmes êtes attentifs, présents à l'imprévisible d'une rencontre, vous allez certainement croiser le chemin d'un semeur de rêves. Ils sont plus nombreux que vous ne l'imaginez.

 

Et peut-être vous qui me lisez à l'instant êtes-vous un semeur de rêves sans même le savoir.

 

Jacques Salomé

 

 

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